lundi 9 octobre 2017

Conférence du Père Spadaro ...

Le Pape a-t-il répondu indirectement
au Professeur Seifert et à l'un des Dubia ?




Rédigé par : Dr Maike Hickson

SOURCE : One Peter Five
Le 9 octobre 2017


Comme nous le savons tous probablement maintenant, le Pape François est un peu timide à répondre plus directement aux questions candides qui lui sont posées au sujet de son enseignement moral. Jusqu'à présent, il n'a répondu à aucun des appels filiaux et académiques, ni même à certaines corrections polies proposées. Cependant, ce qui est également connu, c'est qu'il aime parler à travers trois de ses plus proches conseillers : l'Archevêque Manuel Fernàndez ; le journaliste Andrea Tornielli ; et le Père Antonio Spadaro, S.J. ( l'éditeur de la revue Civiltà Cattolica, qui est approuvée par le Vatican ).

Par exemple, ce dernier prêtre Jésuite a une fois de plus parlé, et il a parlé d'une telle manière et avec de telles paroles que l'on peut avoir l'impression qu'en citant en partie le Pape, il vient de répondre à la question pressante et percutante posée par le Professeur Josef Seifert, qui coïncide également avec l'un des cinq dubia des Quatre Cardinaux.

Le 6 octobre, le Père Spadaro a donné une conférence aux États-Unis lors d'un événement organisé par le Jesuit Boston College — et avec la participation de deux des nouveaux Cardinaux, Blase Cupich et Kevin Farrel. Le sujet de la conférence portait sur le document papal Amoris Laetitia, et il était apparemment destiné à instruire et corriger certains des prélats Américains encore résistants concernant ce document papal controversé. Comme l'a écrit Joshua McElwee du National Catholic Reporter ce jour-là :

« Un prêtre Jésuite Italien connu pour être un confident du Pape François dit que le pontife pense que l'Église Catholique ne peut plus édicter des règles générales qui s'appliquent à des catégories entières de personnes. [ mon soulignement ajouté ]

Cette déclaration en elle-même est pour le moins troublante, car il semble y avoir une réponse directe — au nom du Pape — à la requête urgente du Professeur Josef Seifert au Pape de savoir si, après ce qu'il a écrit dans Amoris Laetitia, il croit toujours qu'il y a des normes morales absolues ou des normes qui s'appliquent dans chaque cas ou si un acte intrinsèquement mauvais comme tel n'existe plus. ( La même question était essentiellement l'une de ces cinq dubia posées par les Quatre Cardinaux ). Sinon, soutenait le philosophe Autrichien, l'Église Catholique est sur le point de faire face et d'éprouver gravement la destruction de tout son édifice moral et ainsi ouvrirait la porte au relativisme moral. Il a même utilisé l'image d'une « bombe atomique morale » dans ce contexte et a montré que, par la suite, même des actes aussi mauvais que l'avortement et le viol trouveraient plus facilement des exceptions et des évasions à être condamnées verbalement et effectivement punies.

De plus, le Professeur Seifert a évoqué cette argumentation laxiste en citant le paragraphe 303 d'Amoris Laetitia selon lequel il peut arriver que des couples en situation irrégulière ayant des relations sexuelles se rendent compte que Dieu, à ce moment-là, souhaite qu'ils poursuivent ces relations objectivement pécheresses. Ainsi, Seifert avait mis le doigt sur un aspect spécifique et n'avait posé qu'une seule question spécifique.

Le Père Spadaro semble lui répondre. Selon le rapport de McElwee, Spadaro a également dit :

« que le document reconnaît que même les personnes vivant dans des situations familiales « irrégulières » comme le divorce et le remariage, « peuvent vivre dans la grâce de Dieu, peuvent aimer et grandir dans une vie de grâce ».

Tout en citant encore le Pape, Spadaro dit aussi :

« Nous devons conclure que le Pape se rend compte qu'on ne peut plus parler d'une catégorie abstraite de personnes et d'une praxis d'intégration dans une règle qui doit être absolument suivie dans tous les cas » a déclaré Spadaro, qui était l'un des premières personnes à interviewer François comme Pape en 2013. [ mon emphase ajoutée ]

« Puisque le degré de responsabilité n'est pas le même dans tous les cas, les conséquences ou les effets d'une règle ne doivent pas nécessairement toujours être les mêmes » a-t-il dit.

Ainsi, il semble presque que ces déclarations du Père Spadaro étaient une réponse directe et obstinée à la discussion soulevée par le Professeur Seifert. Mais même s'ils n'étaient pas une réponse directe au Professeur Seifert — qui a réitéré la semaine dernière son argument et sa question — cela confirme certainement sa grave préoccupation et son inquiétude.

Si quelqu'un soulève une objection quant à la fiabilité du rapport McElwee, considérons que le Père Spadaro lui-même avait même ouvertement re-tweeté ce même article McElwee sur son twitter, avec exactement ce message très troublant : « @antoniospadaro déclare à la conférence du @BostonCollege que le Pape pense que vous ne pouvez pas édicter de règles générales pour tout une catégorie de personnes ». Spadaro lui-même avait écrit son propre message nominaliste le même jour sur Twitter où il dit : «Ogni caso è singolare. Non si può dare regola generale che li abbracci tutti né costruire casistica del discernimento #AmorisLaetitia ». (« Chaque cas est unique, on ne peut pas accorder une règle générale qui les englobe tous, ni construire une casuistique du discernement ». ) Le Père Spadaro étonnamment ici utilise encore comme un « mème » l'image 2 + 2 = 5 et malgré beaucoup de critique envers cette idée, qu'en théologie, parfois 2 + 2 peuvent être cinq et même en dépit de la critique venant du Cardinal Gerhard Müller, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

La contributrice de OnePeterFive, Hilary White, a eu une bonne série de réponses distinctes sur Twitter à cette déclaration de Spadaro, qui résume également la préoccupation du Professeur Seifert :

« Si cela est vrai, alors les Dix Commandements, les Béatitudes, le Sermon sur la Montagne n'ont aucun sens. C'est du Bergoglianisme sorti du placard ».

« En fait, si cela est « vrai », alors il n'y a pas de vérité. Rien n'est vrai, y compris l'idée que rien n'est vrai. L'anti-rationalité se mange elle-même ».

« Si chaque cas est jugé séparément et qu'il n'y a pas de loi morale, puis-je acheter un esclave ? Puis-je polluer l'environnement ? Puis-je frauder le salarié ? »

Telle est la moisson, et tels sont les fruits immondes du Nominalisme (*).

Ainsi, il semble que le Pape François, ses conseillers et ses proches confidents insistent maintenant sur leur doctrine et leur enseignement pastoral erronés qui sapent fondamentalement tout le discours moral et la structure de l'enseignement plus large de l'Église.

Si quelqu'un objecte que Spadaro n'est pas ici pour parler pour le Pape ( même s'il le prétend lui-même ), que le Pape s’avance et soit prompt à corriger ces déclarations graves d'un homme qui parle souvent de manière permissive en son nom. Le Pape aurait maintenant le devoir moral de le faire, sinon il deviendrait complice et pas seulement tolérant.

Espérons donc que les deux derniers Cardinaux des dubia voient plus clairement que cette sorte de réponse du Père Spadaro est une forme de renforcement et d'obstination endurcie du côté du Pape François lui-même, ce qui appelle aussi une correction fraternelle. Que cette correction supplémentaire se fasse loyalement cette semaine. Car, assez, c’est assez, surtout quand nous voyons et ressentons un tremblement de terre moral en formation.



* Le nominalisme est une doctrine philosophique qui considère qu'il n'existe que des états d'existence réels singuliers et non pas d'états d'existence généraux réellement existants auxquels renverraient les mots et/ou les signes.

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