lundi 11 décembre 2017

Le laïc oeuvrant dans le clergé
Quand le printemps se transforme en un hiver des plus sombres
Un guide d’un laïc pour le Pontificat Franciscain





Écrit par Hilary White
ex-correspondante à Rome
Le 11 décembre 2017
SOURCE : The Remnant



Nous savons tous que pendant la deuxième moitié du Pontificat de Jean-Paul II, un grand nombre de laïcs Catholiques conservateurs ont pris au sérieux l'appel à la « nouvelle évangélisation » et ont commencé à travailler pour l'Église. C'est une histoire bien connue dans les diocèses et les différents bureaux des Conférences Nationales des Évêques du monde entier. Un grand nombre d'entre eux sont ce que nous appelons les gens de la « génération X » qui ont grandi et vécu pendant la période post-conciliaire, voyant la génération de prêtres et d'Évêques de leurs parents détruire systématiquement l'édifice de l'Église — parfois littéralement par briques et par pierres, mais aussi souvent sous la forme de la terrible destruction de notre patrimoine de la culture sociale et morale Catholique.

Nous qui sommes nés entre la moitié et la fin des années 60 et qui avons commencé à travailler dans les années 80 et 90, nous avons été confrontés à la sinistre ironie d'une institution Catholique devenue un désert moral toxique où nous savions instinctivement que c'était mortel d’y marcher pendant longtemps. Mais pour beaucoup d'entre nous, l'appel de Jean-Paul II, surtout dans ses discours aux Journées Mondiales de la Jeunesse, semblait être un rayon de lumière dans les ténèbres.

La mode à l'époque était de parler de la « vocation des laïcs » à s'impliquer activement dans l'Église, et il ne faisait aucun doute que nous avons vu qu’il y avait beaucoup de travail à faire, y compris de nombreuses batailles à mener avec la vielle garde de la génération du moi. Beaucoup sont entrés dans des programmes d'études supérieures dans des institutions Catholiques « conservatrices » approuvées, en prenant des diplômes en théologie.

Lentement, et souvent face à une grande résistance, des fidèles laïcs Catholiques — souvent des hommes mariés — ont pris des positions d'influence dans les coulisses et ont commencé à effectuer les changements qu'ils pouvaient. Très souvent, leur travail était centré sur les questions de « vie et de famille » : l’avortement, le mariage et la vie de famille. Les autres domaines populaires étaient l'éducation Catholique et la liturgie.

Un cas que je connais est un ami qui, s'étant marié au lieu d'aller au sacerdoce, a obtenu un diplôme de l’ancien et regretté Institut Pape Jean-Paul II, et a commencé à travailler dans le grand effort de restauration de la voix de l'Église sur les questions de la vie et de la famille. Il a fait ce travail depuis de nombreuses années maintenant, il s'est marié et a acheté une maison et a maintenant quatre petits enfants. Il m'a écrit il y a peu de temps dans une sorte d'agonie d'indécision. Devant la Correction Filiale, il se sentait obligé en conscience de signer ; en tant que représentant d'une Conférence Épiscopale, il croyait que cela mettrait en péril son emploi, son foyer, le bien-être spirituel et matériel de sa femme et de ses enfants, ses espoirs pour un avenir sûr.

Mon ami est certainement un de ceux qui ont prouvé utilement ma thèse que ce pontificat est l'appel au réveil que les Catholiques « conservateurs » avaient besoin. Il m'a demandé si je plaisantais lorsque j'ai écrit récemment qu'il n'y a aucune raison de ne pas penser que la situation actuelle continuera — et continuera de s'aggraver — après la fin du pontificat actuel. « Non désolé ; il n'y a pas de fin en vue » lui ai-je répondu. « C'est la nuit noire de l'Église, la vallée de l'ombre de la mort ».

« C'est le moment où toutes les choses mondaines et naturelles auxquelles nous nous sommes accrochés — le positivisme papal avant tout — nous seront enlevées ». Il ne savait pas ce que je voulais dire par le terme et ne savait pas qu'il y avait une distinction à faire entre « conservateur » et traditionaliste. J'étais heureuse de l'aider à explorer ces concepts, comme vous pouvez l'imaginer.

Il m'a dit il y a quelques semaines : « MOI AUSSI, je souhaiterais tant ne pas travailler pour l'Église ». Les enfants affamés me laissent peu ou pas d'alternatives ». Je me souviens il y a des années quand il avait reçu l'offre d'étudier avec un bon travail promis à la fin de ses études, et comment nous l'avions tous félicité d’obtenir une telle orientation idéale dans la vie, particulièrement après les incertitudes qui avaient accompagné ses études de séminaire.

Le pire de tout, dit ce père faisant déjà l’école à domicile, était la crainte pour les âmes de ses enfants : « Que faire avec les petits afin de sauvegarder leur innocence et leur foi ? »

Je pourrais offrir peu de conseils, et encore moins de confort : « Je n'ai qu'une petite lueur d'espoir ; que c'est le moment du vannage. Le blé et la balle, les brebis et les chèvres — tous étant séparés. Le schisme qui a vécu profondément dans l'Église pendant des décennies est maintenant impossible à ignorer ou à nier ».

Mon ami a finalement signé la Correction Filiale, après avoir consulté sa femme et un directeur spirituel. Il n'a pas précisé, mais je suppose qu'il a également parlé à notre ami commun, l'Évêque « sympathique ». Nous attendons le résultat.



Ceci est un autre message que j'ai reçu il y a quelques jours d'une autre amie qui a passé de nombreuses années à donner sa vie pour l'Église en tant que laïque travaillant pour un grand diocèse dans un pays occidental. J'ai « rencontré » cette personne en ligne en tant que porte-parole de son diocèse pendant mon travail pour Life Site News, et j’ai eu à transiger avec elle pendant de nombreuses années sur un large éventail de sujets. Je sais qu'elle est une personne naturellement modérée et mesurée, pas adonnée à de grandes explosions et qui n’est certainement pas une « trad rad » [ traditionaliste radicale ].

Mon amie correspond au profil que j'ai décrit ci-dessus, ayant complété un diplôme en théologie et travaillé pendant près de 20 ans dans des domaines liés à l'avortement, à l'euthanasie, à la morale sexuelle, à la famille et au mariage. Pour des raisons évidentes, je ne révélerai rien de l'emplacement de mon ami. Ce que je peux révéler, c'est qu'elle travaille pour un grand et important diocèse dont les « positions » sur ces sujets sont fréquemment recherchées par les médias laïques et Catholiques. Même si elle est elle-même principalement inconnue personnellement, en raison de sa position, elle est, en bref, une « voix dominante » dans le monde Catholique de langue anglaise.

Ses observations peuvent sembler dures, mais elles sont honnêtes, elles viennent de quelqu'un qui a beaucoup risqué pour le Royaume et a été, par nécessité, silencieuse sur beaucoup de problèmes sérieux, datant bien avant la période Bergoglienne. Mon ami a une famille, une hypothèque, toute une structure de vie laïque normale, et sait qu'elle est maintenant — comme tant d'autres — arrivée à un point où sa conscience ne peut plus lui permettre de représenter l'organisation qui la paie. Elle n'y est pas encore, mais elle commence à envisager sérieusement des alternatives.

Son courriel qu’elle m’a envoyé décrit la position de beaucoup de gens qui sont entrés dans leur travail pour l'Église avec une grande confiance et une conviction honnête qu'ils faisaient la Volonté de Dieu. Et je ne doute pas qu'ils avaient raison. Mais cette période semble être terminée, et une nouvelle période — caractérisée par une incertitude énorme et effrayante — s'ouvre clairement :

« Ne vous méprenez pas, je me sentais énormément bénie et privilégiée d'avoir gagné assez bien ma vie depuis 19XX, d’avoir travaillé dans divers rôles au sein de l'Église et d'avoir essayé de mon mieux d'avoir un certain degré d'influence positive dans un environnement où ( particulièrement dans le contexte de cet endroit [ lieu nommé ici ] ) où la grande majorité des prêtres et, pire, leurs supérieurs autoréférentiels autoritaires, les hiérarques, sont si lâchement conciliants envers les lois et politiques anti-vie, anti-mariage et de la famille à en faire vomir ».

«... Jusqu'à présent je me suis contentée de la conviction que je me sentais à l'endroit où je devais être selon la Volonté de Dieu, malgré l'absence totale de soutien épiscopal crédible, en étant une petite lumière éclairante dans une église très sombre, une église où les ténèbres s'ajoutent à mes propres péchés. Jusqu'à présent, j'ai travaillé sur la base du fait que tant que le Cardinal ou les Évêques ne disaient pas « Non, vous ne pouvez pas faire ça », je continuais de toute façon parce que je me sentais bien à essayer d'écarter l'erreur de la vérité. C'est toujours juste de le faire mais de plus en plus difficile à faire dans le paradigme Bergoglien ».

« Dans ce paradigme que les successeurs des Apôtres ( les bons ) luttent pour trouver des moyens de s'accommoder et de préserver leur si précieuse politique « d'unité à tout prix », les gens comme moi trouvent que le jour approche rapidement où travailler pour eux est en vérité abrasif pour la conscience ».

« La force fatale et destructrice du transgenredérisme est la ligne dans le sable qu'ils ne parviendront pas à tracer et, en tant que mère de deux jeunes enfants, je pense que je suis bel et bien sortie du système ecclésiastique « Catholique ». Donc, j’en suis ici à mon carrefour et je serais heureuse de vos humbles prières de votre petit coin paisible de l'Italie « Catholique ».

Oremus pro invicem

Les exemples pourraient continuer. J'ai passé près de 20 ans à travailler dans le monde pro-vie et j'ai acquis un large éventail de connaissances et d'amis dans de nombreux pays, et tous ceux qui recevaient un chèque de paie d'un organisme officiel de l'Église Catholique disent la même chose : « MOI AUSSI, je souhaiterais ne pas travailler « pour l'Église ». Les enfants affamés me laissent avec peu ou pas d'alternatives ».

J'ai un ami aux États-Unis qui est prêtre dans une petite communauté avec laquelle je communique principalement sur Facebook. Il dit qu'il entend des choses semblables de la part des prêtres, et nous savons que la position des prêtres Catholiques fidèles est particulièrement atroce. Les choses ont toujours été difficiles depuis le Concile et les Traditionalistes savent tout à propos d'être expulsés, ostracisés, intimidés, menacés et autrement maltraités. Mais cette intimidation, dans l'Église Catholique Bergoglienne, s'est propagée à partir de cinglés isolés et qui l’ont facile à frapper sur tous ceux qui conservent même un lambeau de Catholicité. L'oligarchie Bergoglienne montre clairement quel genre d'homme vous devez être pour « réussir » dans l'Église de la Miséricorde Inc. Si vous n'êtes pas un James Martin SJ, ou un Blase Cupich, un Massimo Faggioli ou un Greg Burke, vous êtes sortis. Si la pression de votre conscience ne suffit pas, ils vont certainement trouver des moyens de se débarrasser de vous bientôt.

Mon ami prêtre aux États-Unis m'a dit qu'il y a plusieurs groupes en ligne sur Internet — la plupart sous stricte confidentialité — pour que les prêtres discutent de ce qu'ils vont faire quand le moment crucial arrivera et que l'on demandera de prendre comme un grain de sel le faux dieu Bergoglien.

Mon ami et moi avons discuté que peut-être une nouvelle association pour les laïcs Catholiques fidèles dans des circonstances similaires pourrait ne pas être mal. Il est assez facile de prédire que des avocats Catholiques fidèles auront bientôt besoin d'engager des poursuites contre l'Église pour congédiement injustifié et conflits similaires. La mécanique d'une telle association peut s'avérer difficile, mais ça ne peut jamais être une mauvaise chose pour les Catholiques fidèles de se regrouper pour défendre la foi ainsi que les uns les autres des séculiers hostiles, soit cléricaux ou laïcs.

Quoi que nous fassions, il semble clair qu'au moins pour l'instant nous approchons de la fin du temps où cette génération des « Catholiques Jean-Paul II » sera en mesure de maintenir leur position d'influence dans les institutions de l'Église. Quoique que nous espérions pour le long terme, c'est la nouvelle normalité, et nous allons devoir commencer à travailler sur des façons de continuer à fonctionner en tant que Catholiques et d'exercer nos vocations en son sein. Avec la transformation du jour au lendemain d'institutions comme l'Institut Jean-Paul II, et des incidents comme le renvoi de Joseph Seifert, il semble clair que la purge Bergoglienne / Kasperienne s'étend des prêtres aux laïcs. C'est quelque chose que nous devrons affronter carrément et courageusement, ne serait-ce que pour le bien des enfants.

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